Actualités patrimoniales du numéro de printemps 2021
Josiane Ouellet, Rédactrice en chef
Célébrer l’engagement
L’association Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec (APMAQ) a dévoilé fin 2020 les lauréats de ses deux prix annuels. Le prix Robert-Lionel-Séguin a été remporté par l’ethnohistorien Christian Denis pour son implication dans le domaine du patrimoine. Conservateur pendant 30 ans au Musée de la civilisation, ce passionné a œuvré dans divers organismes, notamment l’Association québécoise pour le patrimoine industriel, dont il est un des membres fondateurs. Désireux de prêcher par l’exemple, il a lui-même acheté et restauré une maison ancienne sise à Grondines. Il a aussi participé à la sauvegarde du patrimoine dans son milieu en devenant conseiller municipal en 1996 et en siégeant au comité consultatif d’urbanisme de sa municipalité pendant plusieurs années (plus d’info). Quant au prix Thérèse-Romer, qui salue un projet de restauration exemplaire, l’association l’a remis à Mélanie Morel et Martin Gagné pour les travaux effectués sur la maison Vincent-Sainte-Marie, qu’ils habitent à Longueuil. Remplacement de la toiture et de la galerie, décapage et peinture des aisseliers et des boiseries ceinturant le soffite de la toiture, interventions sur plusieurs fenêtres, etc. Bref, 13 ans d’efforts qui ont permis à la demeure de retrouver sa fierté d’antan (plus d’info)!
Formation porteuse d’espoir
Belle première au Québec ! Soucieux de favoriser la préservation du patrimoine bâti en participant à la transmission des savoir-faire qui lui sont liés, le Conseil des métiers d’art du Québec (CMAQ) a innové cet hiver en offrant une formation sur mesure à neuf tailleurs de pierre et menuisiers-ébénistes. Et ce n’est qu’un début, puisque le CMAQ et le Cégep du Vieux- Montréal travaillent actuellement au développement d’un programme en métiers d’art du patrimoine bâti. Les donneurs d’ouvrage seront contents, car la main-d’œuvre compétente dans le domaine se fait rare.
Récolte de traditions vivantes
Depuis 2004, l’intervenant en traditions vivantes Philippe Jetté accumule des témoignages, des photos et des documents sur l’histoire, la tradition orale et les pratiques traditionnelles de la Nouvelle-Acadie et de Lanaudière. Il a ainsi répertorié une quantité phénoménale de chansons, airs de musique, contes, légendes, danses, surnoms, expressions, vocables régionaux, recettes traditionnelles, pièces instrumentales à l’accordéon diatonique, cris d’appel de vaches, etc. Bonne nouvelle ! Il vient de déposer cet impressionnant fonds contenant plus de 3500 éléments à Archives Lanaudière. « Dans 500 ans, les citoyens du futur pourront découvrir notre parlure, notre accent et notre petite histoire », se réjouit le chercheur.
Ville-Marie passe à l’action
L’arrondissement Ville-Marie à Montréal vient de se munir d’un plan en 10 points pour valoriser son patrimoine. Déjà, des éléments architecturaux d’intérêt (parements de briques d’argile rouge, balustrades en fer forgé, fausses mansardes, etc.) ont été inventoriés sur les façades de près de 4500 bâtiments résidentiels construits avant 1945. Le plan prévoit également la protection de 19 enseignes commerciales sélectionnées pour leurs valeurs paysagère, esthétique et sociale. Il vise aussi à encadrer la transformation des maisons shoebox, ces petites demeures à un étage et au toit plat rappelant des boîtes à chaussures.
L’union fait le balado
Les trois musées de Sherbrooke, celui d’histoire, celui des beaux-arts et celui de la nature et des sciences, se sont unis pour créer un circuit BaladoDécouverte intitulé Randonnée urbaine. Celui-ci s’intéresse à une quinzaine d’éléments patrimoniaux, scientifiques ou culturels. Selon les cas, on explore ces attractions par l’entremise d’images, de courts textes, d’enregistrements audio ou de capsules vidéo. On y découvre notamment l’édifice de l’ancienne Queen Cigar Factory de W. R. Webster, où étaient produits 4 millions de cigares annuellement au début des années 1900. Fabriqués surtout par des femmes et des enfants, ceux-ci étaient distribués un peu partout au Canada et aux États-Unis.
Devenez un musicien trad !
Un cours de musique traditionnelle québécoise, ça vous dit? Le Conseil québécois du patrimoine vivant en propose un gratuitement en ligne. Animé par le musicien traditionnel Nicolas Boulerice, Trad-666 comprend des capsules vidéo, des extraits audio, des exercices pratiques et des quiz. Il aborde la podorythmie, les instruments mélodiques, le répertoire québécois, le style trad et le contexte de jeu, avant de se terminer par un examen du diable, personnage incontournable de notre culture traditionnelle.
Un mécénat à découvrir
Faute de pouvoir aller à la rencontre de ses membres en raison de la pandémie, Action patrimoine propose une version numérique de sa tournée « Parlons patrimoine », sous forme de tables rondes bimestrielles. Le 21 avril, l’organisme a planifié une discussion avec trois membres de la délégation régionale Bourgogne—Franche-Comté de la Fondation du patrimoine, en France. Ce sera l’occasion d’en apprendre plus sur le mécénat de compétences. Le principe ? Une entreprise « prête » à un organisme de bienfaisance un de ses employés durant ses heures de travail rémunérées. Une piste qui reste à explorer dans le milieu du patrimoine québécois (s’inscrire).
Patrimoine religieux à la carte
La MRC de Coaticook a décidé de mettre son patrimoine religieux en valeur grâce à une carte interactive. Parmi les points d’intérêt qu’on y trouve figurent 78 cimetières, 31 croix de chemin et 33 églises. Grâce à des icônes, on peut facilement cibler les sites qui offrent de magnifiques points de vue ; ceux qui témoignent de la présence anglo-saxonne et canadienne-française dans la région aux XVIIIe et XIXe siècles ; et ceux qui présentent une grande beauté ou des trésors cachés, notamment.
Francis King, vous connaissez ?
Saint-Lambert vous invite à explorer son patrimoine bâti ! L’inventaire que Patri-Arch et la Société d’histoire Mouillepied ont réalisé pour la ville est désormais accessible en ligne. On y découvre les 10 typologies de bâtiments résidentiels les plus courantes sur place, notamment la maison de type King’s Cottage, distinctive de la municipalité. D’où l’idée de consacrer une étude particulière à ces dizaines de demeures construites par l’entrepreneur Francis King entre le début des années 1930 et le début des années 1950. L’inventaire comprend de l’information sur cet homme d’origine modeste et ses stratégies d’affaires, de même que sur le contexte de l’époque et les différents modèles de résidences qu’il a érigées à Saint-Lambert, notamment. Ce recensement propose également un portrait des 250 bâtiments résidentiels et institutionnels les plus significatifs du territoire.