Actualités patrimoniales | Été 2021
Alexandra Perron, rédactrice
Pour ses 100 ans, la SAQ se raconte
L’histoire de la Société des alcools du Québec (SAQ) n’est pas banale et a fait de la Belle Province une originale. Pour le 100e anniversaire de l’institution, le site saq.com/fr/100-ans revient sur cette époque où la boisson et la moralité chrétienne ne faisaient pas bon ménage.
En pleine vague de prohibition, le Québec a joué d’audace en lançant le premier système de contrôle gouvernemental de l’alcool en Amérique du Nord. La Commission des liqueurs, ancêtre de la SAQ, est née en 1921. À travers une série de reportages, de rencontres et de photos d’archives, on revit cette période où l’on achetait une bouteille devant un comptoir grillagé, comme au confessionnal ! On rappelle l’interdiction aux femmes d’accéder aux tavernes. On remonte la légende du caribou. Et on se laisse raconter le dernier siècle en vidéo, par l’historien Laurent Turcot.
L’Histoire en rediffusion
Les Rendez-vous d’histoire de Québec ont mis en ligne sur leur chaîne YouTube une série de conférences et d’activités présentées lors de leur festival de 2020. Certaines sont en lien avec le thème de la présente édition de Continuité. L’historien Luc Nicole-Labrie et l’illustrateur Richard Vallerand unissent verve et plume dans une vidéo intitulée Dessine-moi une histoire : brasser de la bière à Québec. Spécialiste de l’histoire policière, Yannick Cormier se penche pour sa part sur la lutte à la contrebande d’alcool au Québec de 1921 à 1939.
Mieux préserver notre héritage
Freiner les démolitions en série. Voilà l’un des objectifs des nouvelles dispositions de la Loi sur le patrimoine culturel entrées en vigueur au début d’avril. Les modifications apportées par le projet de loi no 69 touchent aussi la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme. Les MRC ont dorénavant l’obligation de se doter d’un inventaire des immeubles d’intérêt patrimonial. Les municipalités, elles, sont tenues d’adopter un règlement de démolition et un autre sur l’occupation et l’entretien des bâtiments. Elles doivent émettre des avis publics, tenir des consultations et informer le ministre de la Culture et des Communications des demandes de permis de démolition. La loi modifiée invite à plus de transparence envers les propriétaires d’édifices anciens et établit des délais plus raisonnables concernant les autorisations de travaux.
Réhabilitation art déco à Verdun
Situé au 4110, boulevard LaSalle, en bordure du fleuve Saint-Laurent, l’Auditorium de Verdun était voué à la démolition et à la reconstruction. La firme FABG a toutefois convaincu le client de l’intérêt patrimonial du lieu et de la pertinence de le réhabiliter.
Elle a restauré le bâtiment de style art déco, inauguré en 1939, en apportant un soin particulier à la réfection de la façade en maçonnerie d’origine. Elle a cependant démoli et reconstruit l’aréna adjacent. Le nouveau complexe unifié a obtenu le Prix d’excellence en architecture dans la catégorie Mise en valeur du patrimoine, décerné par l’Ordre des architectes du Québec.
Rivière-Ouelle se souvient en ligne
À un an de son 350e anniversaire, la municipalité de Rivière-Ouelle, dans le Bas-Saint-Laurent, démocratise son histoire. Elle ajoute à son site Internet deux outils. D’abord, un fil du temps. Il commence le 29 octobre 1672, date à laquelle « l’intendant Talon concède un fief situé de part et d’autre de la rivière Houel au sieur Jean-Baptiste-François Dechamps ». On y trouve les noms des premiers colons à s’y établir dès 1674. Le site offre également une version numérique du Mémorial aux personnes disparues, installé au cimetière, avec plan, numéros de lots et année du décès.
Branché au littoral portneuvois
La MRC de Portneuf propose six parcours piétonniers avec baladodiffusion. Le projet Du cœur au fleuve : les balados du littoral portneuvois met en valeur le patrimoine et l’histoire des bâtisseurs de Grondines, de Deschambault, de Portneuf, de Cap-Santé, de Donnacona et de Neuville.
Les circuits géolocalisés d’environ 2 km chacun offrent des capsules audio accompagnées de textes et de photos, déclenchées automatiquement à l’arrivée d’un point d’intérêt. Il est aussi possible de télécharger le contenu à l’avance.
Montréal révèle ses secrets
Saviez-vous qu’une petite rivière traversait le Vieux-Montréal, mais qu’elle a été recouverte pour endiguer une épidémie de choléra ? Que durant une brève période, la métropole a été capitale, entre 1844 et 1849, jusqu’à ce qu’un incendie criminel détruise le Parlement du Canada-Uni, établi au marché Sainte-Anne ? Ces faits étonnants et méconnus, de même que des trouvailles archéologiques, sont dévoilés dans la série balado Raconter Montréal de Pointe-à-Callière, cité d’archéologie et d’histoire de Montréal. La comédienne Émilie Bibeau s’entretient avec des spécialistes du musée dans cinq épisodes d’une vingtaine de minutes chacun.
Gaspésie : le début du monde
Le Musée de la Gaspésie, situé à Gaspé, vient d’inaugurer l’exposition À la confluence des mondes. La contribution des peuples fondateurs mi’gmaqs, français et anglais est soulignée dans ce voyage qui débute il y a 380 millions d’années et se déroule jusqu’à aujourd’hui. On y dépeint une Gaspésie non pas de bout du monde, mais à l’avant-scène, tournée vers la mer. En plus de présenter 250 artéfacts et documents d’archives, l’institution anime ses murs d’illustrations originales pour nous faire découvrir l’histoire de la péninsule, de la pêche à la morue aux mélodies de La Bolduc. L’un des trois îlots multimédias permet même de voir un sous-marin allemand attaquer un cargo, pendant la bataille du Saint-Laurent.
L’art du fléché dans Lanaudière
Le fléché a été désigné patrimoine immatériel par le ministère de la Culture et des Communications en 2016. La Maison du Fléché Bélanger, à Sainte-Marcelline-de-Kildare, garde bien vivante cette technique de tressage aux doigts. Elle y consacre dès le 25 juin une exposition de photos anciennes. Les années de gloire du fléché dans Lanaudière rend hommage à cet art textile, l’une des premières industries familiales de la région. La Compagnie de la Baie d’Hudson utilisait même des ceintures réalisées de cette façon comme monnaie d’échange à son comptoir de fourrure de L’Assomption, au XIXe siècle. L’initiative salue également 18 familles de flécherands.
La Rolland, fierté de Saint-Jérôme
Histoire et Archives Laurentides présente une exposition virtuelle sur une fierté locale : La Compagnie Rolland : première papetière canadienne-française au Canada. Avec l’éloquence qu’on lui connaît, le curé Antoine Labelle a incité la famille Rolland de Montréal à implanter son entreprise à Saint-Jérôme. L’ouverture a eu lieu en 1882.
Il est fascinant de découvrir le métier de compteuse de feuilles. Les employées les plus expérimentées pouvaient en calculer entre 15 000 et 20 000 à l’heure ! Photos, documents d’archives, capsules audio et vidéo remontent l’histoire de la papetière, toujours en activité.