Actualités patrimoniales | Hiver 2022
Marie-Ève Lord, Rédactrice
Premier paysage culturel patrimonial
Pour la toute première fois, un paysage culturel patrimonial a été désigné en vertu de la loi encadrant cette mesure. Le gouvernement du Québec favorise ainsi la conservation et la mise en valeur des remarquables caractéristiques des Pointes-aux-
Iroquois-et-aux-Orignaux. Ces crêtes rocheuses boisées de Rivière-Ouelle, dans le Bas-Saint-Laurent, présentent un intérêt historique, emblématique et identitaire. Elles offrent en effet de splendides vues ouvertes sur l’estuaire du Saint-Laurent. Le cadre bâti, l’aménagement paysager, la pratique de la pêche à l’anguille et le patrimoine archéologique contribuent aussi à l’attrait du lieu, désormais préservé pour la postérité.
L’accordéon diatonique à l’honneur
L’accordéon diatonique fait partie de la musique traditionnelle du Québec depuis le XIXe siècle. Son maniement exige connaissances et savoir-faire. Ses adeptes apprennent à en jouer surtout par l’observation et l’écoute, puisque les partitions spécialisées sont rares. Ses fabricants, pour leur part, doivent se familiariser avec ses particularités. Plus petit que son cousin dit chromatique, cet instrument est bisonore : il émet une note différente selon qu’on étire le soufflet ou qu’on le compresse. Les pratiques liées à cet objet s’avèrent distinctives. C’est pourquoi le jeu et la confection de l’accordéon diatonique viennent d’être désignés comme éléments du patrimoine immatériel du Québec selon la Loi sur le patrimoine culturel.
Sauvegarder la maison René-Lévesque
Le ministère de la Culture et des Communications a posé un geste pour préserver la mémoire de René Lévesque, figure incontournable de l’histoire québécoise. Il a acquis la maison où l’homme d’État a passé son enfance et une partie de son adolescence, à New Carlisle, en Gaspésie. L’initiative vise à protéger la demeure, dont la condition est jugée préoccupante. Désormais reconnu comme patrimonial, le bâtiment bénéficiera d’un diagnostic qui jettera les bases de sa restauration. Des acteurs du milieu discutent actuellement des moyens à prendre pour animer les lieux.
Des lauriers pour Lucie K. Morisset
L’association Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec a décerné le prix Robert-Lionel-Séguin 2021 à Lucie K. Morisset. Elle célèbre ainsi sa contribution exceptionnelle à la sauvegarde et à la mise en valeur du bâti québécois. La lauréate s’est passionnée pour le sujet lors de son doctorat, qui portait sur la ville d’Arvida. Elle s’est impliquée dans la reconnaissance patrimoniale de cette localité remarquable en fondant un comité de suivi, qu’elle a appuyé comme conseillère scientifique. Son bilan comprend aussi des réalisations impressionnantes en enseignement, en création et en diffusion des connaissances ainsi qu’en travail de terrain. La professeure dirige aujourd’hui la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain de l’Université du Québec à Montréal.
Action patrimoine décerne ses prix
Les Prix Action patrimoine saluent des initiatives admirables de défense et de valorisation de l’héritage architectural québécois. Cette année, Terry Loucks a été récompensé pour son engagement gracieux de plus de 10 ans en faveur de la reconnaissance
patrimoniale d’Arvida. Le Groupe bénévole municipal de Potton s’est démarqué en rénovant la grange ronde de Mansonville (catégorie Projet remarquable – Sauvegarde). La commémoration du 300e anniversaire du vieux moulin de Pointe-aux-Trembles a aussi valu une distinction à l’arrondissement homonyme de Montréal (catégorie Projet remarquable – Sensibilisation). En outre, le jury a décerné trois mentions spéciales. L’atelier de développement territorial L’Enclume a été salué pour ses travaux sur les enseignes d’intérêt de l’arrondissement Ville-Marie, à Montréal. La municipalité de Rivière-Ouelle s’est illustrée par la désignation du paysage culturel patrimonial des Pointes-aux-Iroquois-et-aux-Orignaux. Enfin, l’organisme félicite Jean Lauzon pour sa gestion du parc de la Rivière-des-Mille-Îles, à Laval.
Immersion 3D dans le Limoilou d’antan
Équipé d’un casque de réalité virtuelle, découvrez un univers liant bande dessinée et histoire ! Sur le parvis de l’église de Saint-Charles-de-Limoilou, à Québec, vous pouvez accéder à huit portails temporels. Chacun permet de s’immerger dans un décor qui
recrée l’endroit à une période donnée, de 1535 à nos jours. L’organisme de promotion de la BD Parenthèses 9 a développé l’application PopUp Limoilou en collaboration avec plusieurs partenaires. Parmi eux, l’historien Gilles Gallichan ainsi que les dessinateurs Richard Vallerand et Julien Dallaire-Charest. Afin que de nombreuses personnes puissent expérimenter cette initiative originale, des démonstrations se tiendront prochainement dans divers lieux. Pour plus d’informations : monlimoilou.com/popup.
Une expo retentissante
Dans une nouvelle exposition permanente, Sonnent les siècles, l’Écomusée du fier monde allie trois patrimoines : architectural, religieux et sonore. Il convie les visiteurs dans l’église de Sacré-Cœur-de-Jésus, une œuvre du bâtisseur Joseph Venne située dans le quartier Sainte-Marie, à Montréal. Là, il leur raconte l’histoire de la paroisse et du quartier ouvrier au début du siècle passé. Attrait exceptionnel : les cinq cloches du lieu de culte ont été descendues dans la nef. Le public peut donc voir de près ces instruments qui ont rythmé la vie du voisinage durant des décennies. Il est même possible de les faire retentir, comme lors des conférences qui se sont tenues sur place cet automne.
Lumière sur les artisans du patrimoine
Le public connaît surtout le travail des maîtres du domaine architectural par ses résultats. Mais qu’en est-il de ce qui se passe dans l’atelier pendant les phases de recherche et de réalisation ? Avec sa websérie Ensemble, artisans, le Conseil des métiers d’art du Québec présente la dimension humaine des pratiques du patrimoine bâti. Forgeron, verrier, charpentier et bien d’autres lèvent le voile sur leur activité, cruciale pour la préservation de nos immeubles anciens. En plus des épisodes, le Conseil propose des articles hebdomadaires pour creuser le sujet. Rendez-vous à matieres.ca/webseries.
Léo raconté par les jeunes
Natif de Gaspé, Léonard Lapierre, surnommé Léo, est devenu une figure légendaire de l’art populaire par ses créations issues d’un imaginaire débordant. Sculptures en ronde-bosse, assemblages de bois de grève, instruments de musique inédits, œuvres en métal recyclé, en mosaïque de verre et en papier mâché… Son univers unique en a fasciné plus d’un. De nombreux élèves l’ont découvert lors des visites que l’artiste faisait dans les écoles. Des extraits de leurs lettres servent de fil conducteur à l’exposition Cher Léo, présentée au Musée de la Gaspésie jusqu’à l’automne 2023.
William et le Bluenose
Le Musée canadien de l’histoire inaugurait récemment une galerie virtuelle sur l’œuvre de William James Roué. Cet architecte naval canadien a conçu de nombreuses embarcations, dont des voiliers et des chalutiers. Sa plus célèbre réalisation est rapidement
devenue une fierté canadienne : la goélette Bluenose. L’exposition La collection W. J. Roué – Au-delà du Bluenose se base sur plus d’un millier d’éléments légués par la famille du créateur. Elle coïncide avec le 100e anniversaire de la première victoire du vaisseau néo-écossais à l’International Fishermen’s Race. En 1921, l’exploit avait attiré l’attention au Canada et aux États-Unis. Il se répétera durant près de 20 ans. À voir à museedelhistoire.ca/roue.