Apporter de la lumière au moulin
Josiane Ouellet, rédactrice en chef de Continuité
Le Moulin des Jésuites, centre d’interprétation installé dans un bâtiment datant de 1742, fête ses 25 ans cette année. Pour l’occasion, son administration a réalisé un projet qu’elle caressait depuis longtemps : une mise en lumière sur mesure de ce bijou patrimonial.
En 2015, l’architecte Michel Boudreau et son équipe ont imaginé un concept de mise en lumière original pour le Moulin des Jésuites, à Québec. Leur idée : retirer les projecteurs braqués sur l’édifice pour illuminer le bâtiment de l’intérieur avec un éclairage DEL rappelant une chandelle, donc très chaud, de manière à évoquer la vie du meunier tout en diminuant la pollution lumineuse. Au cours des dernières années, ils ont réalisé d’autres projets du genre au Château Ramezay, à Montréal, ainsi qu’au Morrin Center et à la Bibliothèque Saint-Jean-Baptiste, à Québec.
Pour y arriver, ils ont d’abord procédé à un test. « On a éclairé chacune des façades manuellement en installant de très petits fluorescents entre les fenêtres et les contre-fenêtres, et en les couvrant d’une pellicule afin de trouver la teinte qu’on cherchait. De cette manière, on a réussi à obtenir des photographies de ce qu’on désirait, c’est-à-dire une lumière donnant l’impression que le meunier a déposé un chandelier devant chaque fenêtre », explique-t-il. La diode a ensuite été développée par une compagnie du Nouveau-Mexique spécialisée dans le domaine.
Grâce au soutien de la Ville de Québec, du ministère de la Culture et des Communications ainsi que de quelques partenaires privés, le projet a pu se concrétiser en 2016. L’équipe a alors programmé les luminaires pour qu’ils brillent à différents moments. « On voulait que les gens comprennent qu’en fin de journée, le moulin est tout éclairé parce qu’il y a de l’activité à l’intérieur. Plus tard, il n’y a de la lumière que dans le corps du logis. Puis, tout s’éteint comme si le meunier était allé se coucher, indique-t-il. On essaie d’habiter le lieu. Souvent, les mises en lumière avec des projecteurs qui restent allumés toute la nuit donnent l’impression d’un objet qu’on éclaire. On souhaitait le contraire, c’est-à-dire qu’il y ait de la vie. » L’architecte tire par ailleurs son chapeau aux électriciens, menuisiers et charpentiers qui ont participé au projet, car dissimuler des fils dans ce type de bâtiment représente tout un défi.
Parallèlement à la mise en lumière, l’équipe a aussi remplacé la couverture de l’édifice et restauré ses ouvertures en privilégiant une démarche rigoureuse, reprenant les principes établis avec le Centre de conservation du Québec lors de la restauration de la maison Drouin, à l’île d’Orléans.
Bref, tout un cadeau d’anniversaire pour cette institution, qui a accueilli plus de 700 000 visiteurs depuis son ouverture en 1992. Selon l’architecte, ce succès prouve qu’un bâtiment patrimonial sauvegardé peut devenir un élément moteur pour une communauté.