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Source: Robinson Ngametche

Circuit d’accueil

Il suffit parfois d’un coup de pouce pour que la vision d’un jeune ethnologue passionné de patrimoine et attentif aux besoins des gens qui l’entourent donne naissance à un projet inédit.

Gagnant d’une bourse Première Ovation Patrimoine de la Ville de Québec, Robinson Ngametche a mis sur pied un circuit de découverte bien particulier cet été. Avec cette aide financière destinée à la relève et l’appui de son mentor, Laurier Turgeon, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique, il a créé le circuit Découvrir ma cité. « Je travaille pour Les Habitations du Centre multiethnique de Québec et les gens me disaient désirer mieux connaître la ville et leur société d’accueil, raconte-t-il. J’ai pensé : pourquoi ne pas répondre à ce souhait en réalisant un projet dans mon domaine, le patrimoine? En faisant le tour de l’offre existante, j’ai constaté qu’aucun parcours n’était conçu spécialement pour les immigrants. »

Il en a donc élaboré un, qui allait de la colline Parlementaire au Musée de la civilisation en passant par le Château Frontenac et le Vieux-Québec ainsi que la place Royale. Le projet comportait quatre visites et un souper interculturel. « J’ai mis l’accent sur la contribution des immigrants, explique M. Ngametche. Par exemple, à la colline Parlementaire, j’ai insisté sur la participation des élus issus des communautés de nouveaux arrivants pour susciter un sentiment d’appartenance chez les visiteurs et leur faire comprendre que l’activité politique n’est pas réservée aux Québécois de souche. Il faut qu’ils le sachent. Le parlement appartient à tout le monde. On peut y aller pour voir comment la démocratie se vit et assister aux débats. »

Le temps d’un crochet par le Séminaire de Québec, les visiteurs ont remonté jusqu’aux origines de l’Université Laval, la première université francophone en Amérique du Nord, et ont découvert l’apport des gens venus d’ailleurs dans le rayonnement de cette institution qui accueille un grand nombre d’étudiants étrangers. À la place Royale, lieu de fondation de la Nouvelle-France, on leur a notamment rappelé que Champlain était lui-même un immigrant. Et enfin, au Musée de la civilisation, l’exposition Le temps des Québécois les a initiés à l’histoire du Québec, qui a été bâti par une population de diverses origines et confessions religieuses. « Le projet avait également pour but de leur faire comprendre qu’ils ont un rôle à jouer dans la promotion de ce patrimoine, sa sauvegarde et sa transmission aux générations futures », ajoute M. Ngametche.

L’objectif de 80 visiteurs a été dépassé et le souper interculturel, qui devait réunir un maximum de 90 personnes, en a rassemblé plus de 120. Une agréable surprise pour l’organisateur, qui ne s’attendait pas à un tel succès. Et pour l’avenir ? « C’était un projet-pilote, donc, si on s’arrête là, selon moi, on n’a rien fait, indique-t-il. Je suis en train de préparer une demande de financement pour reprendre le projet en y apportant des améliorations. Mon souhait est qu’il perdure, car il répond à un très grand besoin. »

Cet article est disponible dans :

Patrimoine funéraire. Ode à la vie

Automne 2017 • Numéro 154

Un legs vital

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