Défricheur du design
Mélanie St-Hilaire, directrice de l’atelier de rédaction Biendit
Il y a 50 ans, Julien Hébert créait un logo inoubliable pour Expo 67. Une œuvre en accord avec la mission de sa vie : initier le Québec au design. Le professeur Martin Racine raconte cette histoire dans un livre éclairant.
«Je n’ai jamais vu pareille monstruosité !» À Ottawa, le chef de l’opposition, John Diefenbaker, se révolte. Mais qu’est-ce que ce logo proposé pour Expo 67 ? Sans feuille d’érable, sans le plus petit castor ? Il faudra l’intervention du premier ministre, Lester B. Pearson, pour apaiser le scandale. Finalement, l’œuvre honnie — représentation stylisée d’une chaîne humaine, fidèle au slogan «Terre des hommes» — sera affichée partout à Montréal. Symbole de cet été où les Québécois découvriront la modernité…
L’artiste derrière ce tohu-bohu ? Bien des gens ont oublié son nom : Julien Hébert. Un créateur multidisciplinaire aux idées aussi avant-gardistes que ses œuvres.
«Ce pionnier mérite sa place dans l’histoire culturelle du Québec», estime Martin Racine. Le professeur à l’Université Concordia a remué terre et enfer pour publier Julien Hébert. Fondateur du design moderne au Québec, en 2016. Avant cela, il avait consacré son doctorat à ce maître méconnu, dont il n’avait jamais entendu parler durant ses cours en design industriel. C’est une conversation avec un expert de sa discipline qui l’a mis sur la trace du créateur. Patiemment, il a rassemblé les données éparses sur sa vie et son œuvre. En lisant ses carnets de création, il a été ébloui par la profondeur de sa pensée. «C’est comme si les Américains ne connaissaient pas Frank Lloyd Wright, ou les Français Le Corbusier, dit-il. Impensable !» Il a donc cherché un éditeur intéressé par son histoire.
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