Faut-il sauver les graffitis ?
Brigitte Trudel, journaliste indépendante et auteure
Début juin 2024. Accroupie au sol, l’artiste muraliste et graffeuse Bibi Una égaye de ses fresques le pavé du boulevard Saint-Laurent, à Montréal. Elle se produit dans le cadre du Festival Mural qui, depuis 2013, célèbre et démocratise l’art de rue. Au fur et à mesure de sa création éphémère, fleurs et personnages expressifs apparaissent. Les passants sont impressionnés.
Il y a une quinzaine d’années, c’était la nuit et à l’abri des regards que Bibi Una maniait l’aérosol avec d’autres adolescents. Parmi ses motivations d’alors, l’appartenance au groupe, l’adrénaline et le désir de défier les règles, les mêmes qui ont donné naissance à l’art de rue.
Mais après deux arrestations, un constat s’impose : « L’illégalité, ce n’était pas une super idée pour nourrir ma passion. » Désormais bachelière en arts visuels, elle vit de son talent à « mettre du velours sur les murs », comme elle le dit, grâce à des contrats privés et publics de même qu’en enseignant cet art.