RETOUR

Moulin La Pierre

Moulin La Pierre, à Saint-Norbert-d’Arthabaska | Photo : Mauricio Garzon, Conseil québécois du patrimoine vivant

Fleurs de farine

Au milieu du XIXsiècle, à l’apogée de leur popularité, 500 moulins à farine existaient au Québec. De nos jours, il ne reste plus que deux moulins à vent et une poignée de moulins à eau qui se consacrent encore à moudre le grain de manière traditionnelle. Ces quelques témoins de notre héritage tiennent fièrement leur position pour nous permettre de découvrir le riche savoir-faire lié à la confection de la farine artisanale.

Quand l’équipe du Conseil québécois du patrimoine vivant m’a glissé l’idée d’un numéro sur ce thème, j’ai sauté à pieds joints dans l’aventure. Pourquoi ? D’abord, la meunerie artisanale est entrée en juin 2022 au Répertoire du patrimoine culturel du Québec, géré par le ministère de la Culture et des Communications. Ensuite, depuis cet été, une nouvelle formation professionnelle transmet l’art de préparer la farine à l’ancienne. Disons que le sujet, après un long pétrissage, était prêt à passer au four…

Ce dossier sera l’occasion de se pencher sur un patrimoine particulier qui allie architecture, métiers séculaires et nourriture locale. On pourra y découvrir des projets de restauration qui ont permis à certains moulins de poursuivre leur production, mais aussi leur mission d’éducation du public. Un moulin en fonction transforme la communauté à laquelle il appartient et perpétue une tradition agroalimentaire menacée. La majorité de ces bâtiments sont toutefois laissés à l’abandon avant de
tomber en ruine. Existe-t-il de l’espoir pour eux ?

Un moulin en fonction transforme la communauté à laquelle il appartient et perpétue une tradition agroalimentaire menacée.

Ce numéro accorde également une place de choix à deux gagne-pain dont la pratique implique une réelle passion. Les meuniers d’expérience pérennisent un précieux savoir-faire et contribuent à la formation de la relève. Ils veillent à l’entretien d’une construction patrimoniale, au fonctionnement des mécanismes qui actionnent la meule et à la qualité de la transformation du grain. Leur travail, d’une complexité insoupçonnée, prend racine dans notre histoire. Et comme rien n’égale l’arôme du bon pain chaud tout juste sorti du four, nous avons rencontré des boulangers qui créent des délices avec les produits des moulins ancestraux. De quoi faire rêver… et saliver !

Dans le jargon du milieu, la fleur de farine désigne la poudre fine et de grande valeur obtenue après avoir passé la matière originale au tamis. Dans un sens imagé, on peut aussi considérer les moulins patrimoniaux du Québec comme des fleurs de farine. Un héritage à la fois ordinaire et précieux, qu’il convient de célébrer.

Caroline Fortin

Directrice générale et rédactrice en chef

Cet article est disponible dans :

Patrimoine et moulins. Du grain au pain

Été 2023 • Numéro 177

Actualités patrimoniales | Été 2023

Article suivant

Cet article est gratuit !

Continuité vous offre gratuitement cet article. Vous aimez ? Abonnez-vous !

Je m’abonne !