Les dons infrangibles
Audrée Wilhelmy, Auteure, artiste multidisciplinaire et porte-parole
Dans cette chronique Carte blanche, la porte-parole de Continuité réfléchit aux legs de ses aïeuls. Où il est question de fondations ancestrales et de verticalité du temps.
J’écris dans ma tête, en conduisant de Sainte-Élisabeth à Montréal. La 40 est un pont entre le passé et le présent. Les champs, les boisés défilent et bientôt les banlieues, le mouvement de la voiture facilite le mouvement de l’esprit. Je passe du temps immémorial de ma Sauvagine — cette maison âgée de plus de deux siècles que j’habite et préserve en attendant qu’une autre personne prenne le relais — à celui qui rythme le centre-ville de la métropole où j’ai vécu 15 ans. Dans les quartiers embourgeoisés, j’observe les maisons ouvrières, transformées et pourtant identiques. En ville, les temps se superposent, ils ne sont plus aussi distincts qu’à la campagne ; tant de gens, à tant d’époques, ont sillonné les rues, ont déposé leurs espoirs entre les immeubles d’appartements en brique et les ruelles.