Nourrir la fierté
Mickaël Bergeron, journaliste indépendant
Certaines collectivités parviennent à préserver leur patrimoine architectural. Dans la plupart des cas, les coups de cœur surviennent avant le premier coup de marteau.
À lire les manchettes, on pourrait conclure que nous détruisons de plus en plus notre patrimoine. Difficile de dire quels facteurs expliquent cette impression : une plus grande mobilisation citoyenne, des démolitions de bâtiments plus médiatisées ou, tout simplement, un manque d’intérêt pour les histoires de bâtiments préservés et revalorisés ? Chose certaine, le patrimoine fait maintenant partie du débat public et ça, c’est positif ! D’autant que, selon ses défenseurs, le plus grand danger qui menace notre héritage architectural est de tomber dans l’indifférence et d’être oublié.
Au téléphone, Guylaine Dumais, coordonnatrice de réseau pour l’organisme Rues principales, parle depuis une terrasse adjacente à son bureau, dans le quartier Montcalm, à Québec. Elle y a une magnifique vue sur les Laurentides… et sur le Centre Vidéotron. Elle ne fait aucune remarque négative, mais la seule évocation du nouvel amphithéâtre, qui a gagné des prix d’architecture, ramène à l’esprit les railleries qu’il ne cesse d’inspirer. Les plus gentilles font allusion à son allure de soucoupe volante ou de détecteur de fumée, les moins polies osent des rapprochements avec une toilette. Malgré tout, cet édifice qui ne fait pas l’unanimité aujourd’hui pourrait, dans plusieurs années, être considéré comme un élément de patrimoine à protéger.
Définir le patrimoine est essentiel — sinon, que protège-t-on ? —, mais la définition n’est pas aussi claire que le blanc de l’amphithéâtre de Québec. « Ce sont les citoyens qui témoignent de ce qui est patrimonial », explique Mme Dumais. Ainsi, même quand un bâtiment est unique en son genre, si la population ne s’y reconnaît pas et ne se l’approprie pas, vouloir le protéger pourrait être difficile, voire inutile.
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