Pas de repos pour les cimetières
Jeanne Corriveau, journaliste au Devoir
Stèles brisées, monuments défraîchis, ornements subtilisés: aux quatre coins du Québec, des cimetières sont abandonnés à leur triste sort. Il importe pourtant de préserver la mémoire dont ils sont les gardiens. Mais comment ?
En 2011, la fabrique de Notre-Dame-de-Bonsecours de L’Islet a posé un geste drastique. Aux prises avec un manque d’espace dans son cimetière, elle a retiré 150 monuments funéraires pour réaffecter les lots dont les droits de concession étaient en souffrance. Au Québec, les familles sont propriétaires du monument funéraire. Mais le lot où reposent les dépouilles leur est loué en vertu d’un bail emphytéotique (de longue durée) qui en inclut l’entretien. Dans le langage courant, on parle de perpétuité, mais en termes de loi, le contrat ne dépasse pas 99 ans. Après quoi, l’entente doit être revue.
La nouvelle a sonné l’alarme pour les organisations qui se penchent sur la protection du patrimoine funéraire. Déjà, les églises désertées par les fidèles leur causaient des maux de tête ainsi qu’aux fabriques. Chaque année, dans la province, une quarantaine de lieux de culte sont fermés, vendus, démolis ou transformés. «Imaginez avec les cimetières, c’est bien moins « glamour ». C’est la catastrophe», s’exclame l’anthropologue Brigitte Garneau, présidente de Pierres mémorables, un organisme voué à la sauvegarde des lieux de sépulture.
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