Patrimoine bâti: y voir de près
Josiane Ouellet, rédactrice en chef de Continuité
Dans la foulée du premier Sommet national du patrimoine bâti du Québec, tenu en novembre 2017, Continuité consacrait son numéro d’hiver 2018 aux organismes qui travaillent sans relâche à la sauvegarde de cette forme d’héritage. Parmi les articles publiés, celui de Jeanne Corriveau s’ouvrait avec une grande photo de la maison Boileau, à Chambly, une résidence construite vers 1820, témoignant de l’histoire des patriotes. Il s’agissait avec ce choix d’illustrer un bon coup. En 2016, des citoyens et des groupes de défense du patrimoine s’étaient mobilisés pour empêcher la démolition du bâtiment. Résultat : la Ville l’avait acquis dans l’optique de le transformer en bureau d’information touristique. On croyait sa pérennité assurée…
Moins d’un an plus tard, le 22 novembre 2018, coup de théâtre amèrement ironique! Le directeur général de la Municipalité autorise la destruction de la demeure. Cette décision déchaîne les passions et attire l’attention des médias nationaux.
Depuis, notre héritage architectural en danger fait régulièrement les manchettes. En octobre dernier, Action patrimoine organisait un colloque – Patrimoine bâti, agir au quotidien – en lien avec l’actualité des derniers mois. Invité à l’événement, le journaliste au Devoir Jean-François Nadeau a évoqué une vingtaine de cas dont il a traité récemment. C’est « considérable et inquiétant », constate-t-il.
Pourquoi organiser une journée d’échanges sur la gestion du patrimoine au jour le jour dans un tel contexte? Car il ne suffit pas de réagir à partir du moment où un édifice est menacé. La sauvegarde de notre legs bâti passe par un travail de longue haleine grâce auquel il ne devrait plus être nécessaire, théoriquement, d’intervenir in extremis.
Saisissant la balle au bond, nous vous proposons à présent de regarder de près ce qui se passe à l’échelle locale. Comment réussir à préserver les bâtiments significatifs dans nos communautés? Quels ingrédients catalysent les forces en présence ou font cruellement défaut?
Nous pensons d’emblée à l’attachement de la population et des élus pour leur héritage architectural, leur conscience de sa valeur et de l’importance de le conserver, leur volonté d’agir. Mais ont-ils les ressources financières, l’expertise et les outils pour le faire?
S’il s’avère crucial de sensibiliser tout un chacun à l’intérêt du patrimoine, il apparaît également important de se pencher sur les moyens dont les villes disposent pour le protéger. Notre dossier aborde ces questions, en plus de les ancrer dans la réalité en donnant plusieurs exemples d’initiatives inspirantes mises en œuvre par des municipalités autant que par des citoyens.