Plaisirs d’hiver… patrimoniaux !
Josiane Ouellet, rédactrice en chef de Continuité
Les calendriers de l’Avent, vous connaissez ? Quotidiennement, les enfants y découvrent une friandise ou un jouet. À Saint-Jean-de-l’île-d’Orléans, des citoyens ont eu l’idée d’appliquer ce principe au patrimoine. Depuis 2015, chaque soir du 1er au 24 décembre, on y éclaire un nouveau bâtiment à l’aide d’une grosse lanterne rouge. Puis, de la veille de Noël à la fête des Rois, toutes les lumières brillent à l’unisson dans la nuit. Plusieurs résidents participent aussi à la célébration en illuminant leur demeure au moyen de petites lanternes qu’ils ont eux-mêmes fabriquées. Cette initiative et les activités qui s’y greffent dynamisent le village à un moment de l’année où les rues resteraient désertes autrement. Ici, la valorisation d’une poignée de maisons anciennes donne aux gens l’envie d’aller dehors, de profiter de l’hiver.
D’autres occasions permettent également de conjuguer patrimoine et amour de la saison froide. Qu’on pense à tous ces sports et loisirs qui s’ancrent profondément dans notre histoire, nous aident à nous approprier notre territoire et comptent toujours de nombreux adeptes : raquette, canot à glace, traîneau à chiens, motoneige, pêche blanche, etc. Il n’y a qu’à voir la passion qu’ils soulèvent pour comprendre à quel point ils adoucissent les longs mois enneigés. Dans le contexte de la pandémie de la COVID-19, où il convient de renoncer à plusieurs activités intérieures, parions que les Québécois seront encore plus heureux qu’à l’habitude de perpétuer ce patrimoine vivant qui les fait bouger et prendre l’air.
D’où notre envie d’explorer la relation unissant notre héritage collectif et l’hiver. Il s’agit évidemment d’un lien très fort puisque les solutions que nous avons développées pour nous adapter à cette saison et les traditions auxquelles elles ont donné naissance font partie de ce qui définit la culture québécoise.
Notre dossier le montre bien. D’abord, avec les propos de Normand Cazelais, auteur de Vivre l’hiver au Québec. Puis, avec un regard sur la contribution des Autochtones au riche legs issu de leur bonne adaptation à la neige, à la glace et au froid. Mais aussi par une exploration de la manière dont ces éléments ont influencé notre façon de construire, de nous déplacer, de nous divertir et de nous dépasser. On y présente même un métier singulier, qui participe à la préservation des bâtiments historiques autant qu’à la sécurité des passants : celui de déneigeur de toits dans le Vieux-Québec. Bref, ce dossier offre un tour d’horizon du patrimoine de l’hiver, comme un plaidoyer en faveur de cette saison qui a forgé notre identité.