Pour le bonheur des vivants
Nicole Beaulieu, journaliste retraitée et passionnée de patrimoine
Le cimetière du Père-Lachaise à Paris accueille plus de trois millions de visiteurs par an. Les nôtres sont moins courus, mais il suffit d’y mettre les pieds – pas devant, de préférence – pour découvrir leurs richesses.
«Qui dort avec qui» ? C’est l’une des questions que Brigitte Garneau s’est posée avant d’entreprendre ses recherches sur le cimetière Saint-Charles à Québec, le plus populeux de la région. Drôle de façon d’aborder un lieu de sépulture, direz-vous. Pas pour l’anthropologue. Elle a beaucoup appris sur les familles et la société québécoises en scrutant les épitaphes inscrites dans la vieille partie du cimetière entre 1855 et 1967.
Au pied du mausolée Paquet, par exemple, une dalle de marbre blanc révèle que Zéphirin et Marie-Louise avaient parmi leurs descendants un fils adoptif. L’inscription rend aussi compte du taux effarant de mortalité infantile au début du XXe siècle. Et elle illustre la coutume répandue au Québec de transmettre le prénom de l’enfant décédé au suivant. Pas mal pour une seule page de pierre !
Des lieux de sépulture, la province en compte plus de 2500. Parmi les plus anciens, en plein cœur du Faubourg Saint-Jean, à Québec, on trouve Saint-Matthew, qui a accueilli plus de 6000 défunts de confessions anglicane ou presbytérienne entre 1772 et 1890. Peu d’entre eux ont eu droit à une pierre tombale, la fosse commune prévalant à l’époque.
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