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Secondaires, mais essentiels

Si vous avez parcouru les routes du Québec cet été, vous avez certainement remarqué le florilège de bâtiments secondaires qui émaillent nos paysages ruraux : granges, étables, poulaillers, porcheries, hangars, fournils, silos, laiteries, caveaux à légumes, glacières, fours à pain, forges, fumoirs et j’en passe. De même, vous avez sûrement rencontré des croix de chemin, grottes, chapelles de procession et autres expressions d’une foi actuelle ou passée.

De ces patrimoines, qu’on qualifie souvent de petits, on devrait surtout retenir le caractère essentiel. Ils participent à la spécificité de nos paysages, en plus de témoigner de modes de vie et de savoir-faire d’autrefois. Mais comme tous ne perçoivent pas l’importance de ces repères visuels et identitaires, nous avons décidé de l’exposer dans le dossier de notre numéro d’automne. Devant la disparition graduelle de ces éléments distinctifs, il devient urgent de susciter la volonté de les préserver.

Car de la volonté, il en faut pour surmonter les obstacles. Prenons l’exemple des granges devenues inutiles. On peut les adapter aux besoins de l’agriculture moderne ou leur trouver une nouvelle vocation, deux options qui demandent temps et argent, pour peu qu’elles soient techniquement et légalement envisageables. Mais avec l’engouement que suscite l’ancien bois de grange pour la décoration intérieure de commerces et de résidences, parions que certains propriétaires choisiront plutôt de permettre à un revendeur de détruire leur bâtiment et d’emporter les rebuts…

Heureusement, plusieurs amoureux du patrimoine prennent un soin jaloux de leurs dépendances agricoles et ornements de paysage. Mais on ne doit pas les laisser porter seuls le fardeau de leur conservation. Préserver ces témoins historiques et la beauté de nos paysages profite à tous. Il s’agit d’une responsabilité collective… que de plus en plus de communautés assument fièrement.

Le travail effectué sur les petits patrimoines du Kamouraska impressionne : on a répertorié les éléments d’intérêt de la région, créé un programme d’aide pour encourager les propriétaires à les restaurer et élaboré un circuit de mise en valeur. Plus récemment, des inventaires du patrimoine bâti agricole ont aussi été réalisés sur la Côte-de-Beaupré, dans la MRC de Coaticook et dans Charlevoix. Plusieurs initiatives ont également vu le jour pour restaurer et mettre en valeur des croix de chemin.

Autant d’actions qui confirment que les « petits » patrimoines peuvent soulever de grandes passions !

Cet article est disponible dans :

Dépendances et ornements de paysage. La grandeur des petits patrimoines

Automne 2015 • Numéro 146

Église Notre-Dame-de-Fatima. Autopsie d’une église moderne

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