Toutes les vies du fort Ingall
Étienne Frenette, directeur général de la Société d’histoire et d’archéologie du Témiscouata
Il a été tour à tour complexe militaire, ruines calcinées et terrain de jeu avant d’être reconstitué en site patrimonial : mais quel est donc ce fort aux multiples existences ?
Aux environs de 1839, un conflit frontalier éclate près du Témiscouata d’aujourd’hui. Il oppose les États-Unis et l’Empire britannique. Ses origines remontent à la fin de la Révolution américaine, officialisée par le traité de Paris en 1783. Le document définit alors les frontières de la région par une chaîne de montagnes que l’on nomme les « hautes terres ». Toutefois, une cinquantaine d’années plus tard, plus personne ne sait à quelles montagnes il fait référence ! Pire, la région compte une forêt de pins, ressource inestimable pour la construction navale de l’époque. Devant les risques d’affrontements, les Britanniques réagissent en érigeant une série de fortifications, dont le fort Ingall, nommé en l’honneur de Frederick Lennox Ingall, l’officier qui décide de l’implanter à cet endroit.