Une véritable révélation
Delphine Laureau, chargée de projet au CCQ et restauratrice de sculptures entre 2003 et 2015
Une statue de la Vierge sculptée dans le bois au XVIe siècle avait été rongée de l’intérieur par des insectes. Une laborieuse restauration a permis de restituer à l’œuvre sa singulière beauté.
Le Musée des maîtres et artisans du Québec, situé à Montréal, possède dans ses collections une bien singulière sculpture en bois polychromé d’origine européenne. La ronde-bosse, haute de 1,20 mètres, représente une figure féminine debout, les mains jointes en prière devant la poitrine. La tête est légèrement inclinée en avant ; la poitrine, plutôt effacée ; la taille, haute et fine ; le ventre et les hanches, projetés vers l’avant. Le genou droit, replié, donne un sentiment de mouvement malgré un immobilisme apparent.
L’œuvre a été acquise entre 1935 et 1978, soit par legs, soit directement sur le marché européen. Sa datation et son histoire sont longtemps demeurées inconnues. Fortement vermoulue, fissurée, à peu près illisible puisque recouverte d’une épaisse couche noirâtre de suie et de crasse, elle reposait dans un sac de polyéthylène scellé depuis 1991. Un inventaire complet des collections du Musée avait alors révélé une infestation d’insectes xylophages sur cette sculpture. Extrêmement fragilisée par les nombreuses galeries de vrillettes, des coléoptères communs en Europe, la statue ne tenait plus debout et donnait l’impression de tomber en poussière. Elle a d’ailleurs fait partie de l’exposition Œuvres en péril, organisée à l’occasion du Salon des métiers d’art en 2004 pour démontrer les dangers menaçant le patrimoine.
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