Université d’été à l’île d’Orléans. Pas de vacances pour le patrimoine !
Laurier Turgeon, directeur du Laboratoire d’enquête ethnologique et multimédia et du programme en sciences historiques et études patrimoniales à l’Université Laval
En mai dernier, une quarantaine d’étudiants et de spécialistes se sont donné rendez-vous à l’île d’Orléans, attirés par une université d’été internationale consacrée au patrimoine religieux de l’endroit. Retour sur cette initiative fructueuse.
Du 5 au 12 mai dernier, la Maison de nos Aïeux a accueilli une université d’été internationale consacrée à la sauvegarde et à la mise en valeur du patrimoine religieux de l’île d’Orléans. Organisée par l’Institut du patrimoine culturel et le Laboratoire d’enquête ethnologique et multimédia (LEEM), avec la collaboration du Comité du patrimoine religieux de l’île d’Orléans (COPRIO) et en partenariat avec le programme de master en patrimoine de l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne en France, cette formation créditée a regroupé environ 25 étudiants des 1er, 2e et 3e cycles ainsi qu’une quinzaine de professionnels et de professeurs, dont plusieurs spécialistes du patrimoine religieux (John Porter, professeur d’histoire de l’art religieux retraité ; Jean Simard, professeur d’ethnologie et de patrimoine religieux à l’Université Laval ; Mgr Marc Pelchat, vicaire général de l’Église catholique de Québec ; Louis Painchaud, professeur de théologie à l’Université Laval ; Pierre Lahoud, président du COPRIO ; Madeleine Landry, historienne de l’art religieux du Québec ; France Lachance, directrice générale du Pôle culturel du Monastère des Ursulines ; et Sylvain Lizotte, responsable des inventaires à la Direction générale du patrimoine et des institutions muséales au ministère de la Culture et des Communications du Québec). Deux professeurs français, Robert Belot et Aurélie Brayet, et cinq de leurs étudiants étaient aussi de la partie, grâce à un projet de collaboration financé par le Fonds de recherche du Québec — Nature et technologies (FQRNT).
L’université d’été est une formule pédagogique et méthodologique innovante qui vise à rapprocher du milieu les étudiants, les professeurs et les professionnels de recherche par l’organisation de formations in situ en collaboration, voire en partenariat, avec des intervenants locaux. Il s’agit d’amener les étudiants et les professeurs sur le terrain pour travailler sur des enjeux de société (ici, le patrimoine religieux) avec les organisations concernées (ici, les églises, les institutions culturelles et les municipalités) afin de stimuler les échanges, les interactions et les transferts de connaissances, puis d’apporter des solutions aux problèmes déterminés. La formation est intensive (sur une semaine) et elle est à la fois théorique et pratique.
À l’île d’Orléans, des conférences en début de parcours ont fourni des éléments théoriques et comparatifs à la problématique, et les travaux de terrain ont visé à accomplir des actions concrètes pour la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine religieux. Les étudiants, regroupés en équipe de deux ou de trois et encadrés par les professeurs et des professionnels, ont réalisé neuf projets : un inventaire de biens religieux à l’église de Sainte-Famille ; un autre à l’église de Sainte-Pétronille ; la conception d’un site Web qui servira à diffuser les résultats des travaux d’inventaire du patrimoine religieux de l’île d’Orléans ; une vidéo sur la nature et les usages des vêtements liturgiques de l’église de Saint-Laurent ; une vidéo sur la restauration des objets religieux (Centre de conservation du Québec) ; une vidéo sur la nature et les usages de l’orfèvrerie (église de Saint-Laurent) ; un programme d’interprétation en 3D de la chapelle anglicane à l’aide de la panophotographie ; un programme d’interprétation du patrimoine religieux de l’église de Sainte-Famille ; et un guide des bonnes pratiques de mise en valeur des patrimoines pour les municipalités. Bref, on peut dire que l’exercice a porté ses fruits !
L’université d’été a notamment permis d’ajouter plusieurs éléments à l’inventaire multimédia du patrimoine religieux de l’île d’Orléans, site patrimonial unique. Mettant à profit son expertise en inventorisation du patrimoine et ses équipements technologiques de pointe, le LEEM participe depuis 2017, en partenariat avec le COPRIO, à un projet qui vise à mieux connaître et à sauvegarder ce patrimoine mobilier et immatériel. Le projet permet de répertorier une collection aujourd’hui méconnue et menacée malgré son ancienneté et sa richesse, puis de mettre en valeur les œuvres d’art, pièces d’orfèvrerie, meubles, documents et vêtements liturgiques présentant un intérêt historique, artistique ou ethnologique. Grâce à des enquêtes orales, il a également été possible de recueillir la mémoire vivante des Orléanais et de recenser des éléments du patrimoine immatériel, tels des savoir-faire liés aux usages des objets ou des pratiques culturelles et rituelles liées au culte. Pour la diffusion des connaissances et la sensibilisation du grand public au patrimoine religieux, les résultats de l’inventaire sont accessibles sur Internet, notamment dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec. Plus, un site Web consacré au projet sera bientôt mis en ligne. Il présentera des fiches d’inventaire très dynamiques comprenant des textes descriptifs accompagnés de contenus multimédias (photos 2D et 3D, vidéos) produits sur le terrain par les recherchistes associés au LEEM (Benoît Vaillancourt et Florence Gagnon-Brouillet). Réalisé sous les auspices du COPRIO, ce projet bénéficie du soutien financier du ministère de la Culture et des Communications du Québec, du Diocèse de Québec ainsi que des fabriques de Sainte-Trinité-d’Orléans et de Sainte-Famille-d’Orléans. À suivre au courant de l’automne…