Vivre ses racines
Louis Painchaud, professeur émérite à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval
Explorer le passé de sa famille, percer les secrets des archives et objets légués de génération en génération, c’est bien. Pérenniser cet héritage, garder cette mémoire vivante en partageant ses découvertes avec le public, c’est encore mieux.
L’étincelle qui fait naître une flamme survient souvent de façon anodine. Dans mon cas, elle s’est produite à Québec, en février 1968. M’en revenant du Petit Séminaire où je suis collégien, je m’arrête devant une brocante, rue Saint-Nicolas, où mon attention est attirée par un vieux livre en vitrine, Vie de C.-F. Painchaud. J’avais vaguement entendu parler dans ma famille d’un abbé Painchaud qui avait fondé le Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Intrigué, j’entre et j’achète l’ouvrage. Avec ce geste, je marquais sans le savoir le début d’une grande aventure.
Sainte-Anne-de-la-Pocatière, juillet 2018. Attablé dans la salle des archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne, je tente de déchiffrer une lettre que Charles-François Painchaud, missionnaire à la Baie-des-Chaleurs, adresse à son jeune frère Joseph, à Québec. Je suis à la recherche d’informations sur leur mère, Angélique. J’apprends qu’ayant fait un mauvais mariage avec un homme violent après le décès de leur père, elle a déserté le domicile conjugal, au détriment de son devoir d’épouse chrétienne.
Alors que j’ignorais à peu près tout de l’histoire familiale en 1968, me voilà enfermé dans une salle d’archives en plein juillet, étudiant une écriture en pattes de mouche, cherchant à débrouiller l’histoire d’une lointaine aïeule qui a défié la société de son temps et scandalisé son fils aîné fraîchement ordonné prêtre pour se soustraire aux coups d’un mauvais mari.
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